Le contrat social

Ce contrat social décrit les engagements concrets et vérifiables pris par les cohabitant.es et artisans qui animent les écolieux dits Ecopols.

Dans la majorité des écolieux, le premier réflexe pour relier les participant.es autour d’un projet commun, c’est souvent de co-créer une charte avec des valeurs.

Souvent, comme chez les smalas et leur livret Ecopol, ces valeurs et cette charte tournent autour de mots-clés comme :

Vivre ensemble. Créativité. Coopération. Solidarité. Bien-être durable. Respect de l’environnement.

Nous avons aussi constaté que la pratique des valeurs prend des formes très diverses. Par exemple, s’il y a un tournus pour le nettoyage que que la personne qui doit s’en occuper la semaine 8 a sa mère qui est hospitalisée cette même semaine, elle donnera la priorité à être auprès de sa mère. Et avisera peut-être de son indisponibilité, mais n’aura pas nécessairement le réflexe « solidaire » de se sentir responsable de trouver quelqu’un qui s’engage à la remplacer pour le nettoyage. Donc un budget mis en commun pour payer du nettoyage de base essentiel est à envisager. Du moins, nous l’avons fait, et ainsi personne ne se plaint de tournus stressant, de locaux mal nettoyés…

Pourquoi ? Car la méthode Ecopol, résultat de 20 ans d’expériences pratiques, a progressivement migré de l’esprit charte vers l’esprit engagement formel, à savoir un contrat « vérifiable ». Quel type de contrat ? Un contrat « social », au sens « projet de société cadré par des accords clairs ». Au-delà de la simple intention (de vivre ensemble, créativité, coopération…), nous avons développé des outils d’évaluation concrets pour définir comment être un acteur à part entière d’une éco-communauté membre du GEN et des ENOLL.

C’est le contrat social Ecopol. Il s’inspire d’autres contrats sociaux historiques et pratiques.

Rousseau, écrivain visionnaire, s’est inspiré de Venise et de Genève pour rédiger un contrat social. Plus récemment, les fondateurs de Debian, version principale des systèmes de logiciel libre, utilisée par la majorité des serveurs sur terre, ont formalisé le contrat social DEBIAN, régulant leurs relations socio-économiques, leur gouvernance participative.

Chez Ecopol, sur la base de nos expériences pratiques de gestion de plus de 40 écohabitats sur 1993 à 2013, nous avons identifié trois piliers neuf critères spécifiques à un écohabitat durable. Ils sont présentés dans notre contrat social Ecopol. Leur point fort ? Ils sont particulièrement vérifiables. Si le contrat défini que nous nous engageons à participation à une réunion de 4h par mois, c’est vérifiable : t’es venu à la réunion, oui ou non ? T’es pas venu, tu t’es organisé pour contribuer un peu plus à l’organisation de la prochaine, ou non ? Voici le résumé de ce contrat social Ecopol, dont les détails sont dans ce PDF.

Les trois piliers 

Propriété coopérative des terres et maisons, sans spéculer ; écoconstruction pas seulement efficace énergétiquement mais aussi avec des matériaux naturels et des finitions décoratives poétiques ; intention de vivre ensemble, de s’améliorer, de se remettre en question pour évoluer ensemble vers la simplicité volontaire.

Les neufs critères

 (qui reposent sur ces 3 piliers) : être arrangeant et modéré, la période d’essai, le budget en commun, les réunions mensuelles, les contributions volontaires de 100-200heures par an, l’évaluation de la viabilité de l’éco-communauté, le service d’incubation de projets et de micro-entreprises, la mixité planifiée, des experts méritants pour bien démarrer.

Vous le voyez on ne parle ni de véganisme, ni de covoiturage, ni de logiciels libres. Car ces aspects sont abordé naturellement, et progressivement améliorés, si la « mécanique » relationnelle est bien posée, et permet fluidité, évolutivité et valorisation des idées et contributions les plus méritantes.

En accompagnant ainsi l’émergence d’une quarantaine de lieux temporaires sur 1 à 12 ans sur 1993 à 2013 (voir notre histoire et le livre Ecopol ), nous avons pu constater que si certains de ces piliers ou critères ne sont pas pratiqués, il est difficile que l’éco-communauté se développe durablement. Et que si ces critères ils sont pris en compte concrètement, la dynamique est plus positive. Par exemple, la fréquence des réunions (une fois par mois plus des groupes de travail pour présenter les résultats à la réunion mensuelle) permet de jardiner les relations, préparer les réunions et garder chacun motivé (trop de réunions c’est épuisants, trop peu c’est source de perte de confiance).

Et bien sûr, restons conscient que malgré un cadre « contrat social » clair et précis, entre la théorie et la pratique il y a parfois des écarts. Il peut y avoir des secousses émotionnelles d’une seule personne qui manigance pour stigmatiser toute une dynamique plutôt que de l’aborder délicatement (notamment sur le point de mise en valeur des contributions de chacun une fois par mois), des départs fracassants, des clans parfois. Mais rarement. Et avec ce contrat social piloté par une équipe consciente et expérimentée, nous avons constaté que malgré les attaques la communauté reste suffisamment résiliente. C’est un outil magnifique pour dépasser les souffrances et les tensions, et conserver l’essentiel : le plaisir de partager de bons moments (repas, fêtes…), la conscience que ce nous perdons est modeste lorsque nous entrons dans un Ecopol, et que ce que nous gagnons est bien plus fort : convivialité, entraide, moments d’exceptions, apprentissages par l’action pratique, rencontres magnifiques, beaucoup de moments créatifs et artistiques, une meilleure stabilité économique et de santé (car on y mange bien!), et bien sûr la liberté de vivre à son rythme.

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