Merci les jeunes ! En 2019, Greta Thunberg et les jeunes générations du monde entier ont réussi à faire bouger les lignes du «développement durable». Face à l’urgence climatique, elle a dit en substance aux détenteurs des pouvoirs politiques et économiques (citations) : je veux que vous paniquiez. Nous ne vous pardonnerons jamais votre inertie. Si les solutions au sein du système sont si impossibles à trouver, nous devrions peut-être changer le système lui-même. Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout, et pourtant vous volez leur avenir sous leurs yeux. Nous ne pouvons donc pas sauver le monde en respectant les règles, car les règles ont besoin d’être changées. Tout doit changer et cela doit démarrer aujourd’hui.

Plusieurs de nos membres ont rencontré Greta , certains ont œuvré avec elle pour faire émerger ces groupes d’actions régionaux, participant aussi à la désastreuse COP25 de Madrid, délaissant leur vie quotidienne pour s’engager face l’urgence climatique. Chapeau bas ! Néanmoins les constats en fin d’année 2019 sont là : malgré des mobilisations massives et enthousiasmantes comme les marches pour le climat, les grand-messes de la surconsommation continuent de faire le plein, comme le black friday et les financements bancaires des centrales à charbon.

Si certains gouvernements vont financer la transition écologique, leurs plans restent néanmoins centrés sur la croissance à tout prix. C’est donc des mesures peu utiles, voire même contre-productive. Exemple : le récent green new deal de l’UE, du marketing vert de faible consistance.

Le GIEC, c’est pas de la tarte. Certains doutent encore des risques que notre mode de vie actuel fait planer sur la survie de l’humanité. Et pourtant les rapports du GIEC, avant d’être publiés, sont révisé et filtrés par les politiques, réduits à leur strict minimum consensuel. Donc lorsque le GIEC publie que nous devons réduire notre train de vie, c’est sérieux (voir notamment la fameuse page 108 citée par Greta). Soyons clairs : passer aux énergies renouvelables ne suffira pas pour éviter de subir de plein fouet une décroissance brutale de notre qualité de vie dans les décennies à venir.

Vite … ralentissons ! Quel paradoxe. Pour conserver le fragile équilibre des écosystèmes, il ne s’agit pas de réduire de 10-20 % nos productions et consommations en 30 ans à 50 ans, mais bien de 60-80 %, selon les domaines, en 10 à 25 ans. Cela signifie beaucoup moins de transports, viandes, hautes technologies, industries lourdes, supermarchés, monocultures…
Quelques sources fortes : The Guardian // National Geographic // France 24 et le parlement Européen

Bonne nouvelle : l’idée de simplicité volontaire se propage dans l’esprit des occidentaux. C’est peut-être le meilleur fruit de nos mobilisations régulières. L’opinion publique commence à accepter l’idée… Selon un sondage d’été 2019, 54% des Français reconnaissent que la croissance verte ne suffit pas, et que la décroissance est une meilleure option. Théoriquement, l’idée a «gagné» les esprits des occidentaux. Il n’est plus si rare non plus d’entendre dans un média un lobbyiste admettre que notre mode de vie actuel n’est plus très durable. Nous serions peut-être enfin disposés à réduire nos productions et consommations de manière « soutenable », mais seulement à condition de ne pas trop en souffrir. Et si une proposition claire émerge, nous pourrions aussi apprécier de changer de mode de vie. Quelle proposition ? Partout, des mouvements pionniers créent des labos vivant de l’écologique communautaire. Il n’y a de loin pas que La Smala. Saluons notamment en francophonie les Oasis des Colibris et la Suite du Monde. Nous nous inspirons les uns les autres.

Y’a pas d’argent public pour la transition nécessaire ! Il semble que malgré les preuves scientifiques de l’urgence climatique, les détenteurs de pouvoirs restent dépendant de la culture de la croissance, sans remettre en question notre mode de vie. Ils attendent de voir les premières catastrophes écosystémiques se produire pour se sentir autorisés à réagir vite et fort, comme on attendrait les premiers arrêts de livraison dans les supermarchés pour planifier le rationnement alimentaire en temps de guerre. Les conférences sur le climat accouchent de souris, les aides publiques restent concentrées dans des silos pour l’aide sociale, l’art professionnel, la promotion économique pour les start-ups (bio)technologiques, ou la transition énergétique qui reste insuffisante voire contre-productive. A ce jour, aucun gouvernement ni grande organisation (multinationales, ONU…) ne finance en priorité la transition vers moins, donc vers plus de simplicité, d’artisanat, d’alimentation saine, d’éducation participative, d’innovation sociale… On reste centré sur la croissance purement économique.

L’initiative citoyenne, ultime espoir. Avec notre démarche Ecopol, dédiée à la sobriété heureuse, aux arts pédagogiques et artisanats locaux, nous sommes donc hors du cadre des politiques actuelles de transition écologique. Cela nous amène à s’organiser sans presque aucune aide des États et des entreprises. Il ne reste que vous, chers lecteurs, pour participer à l’aventure.

Notre première autonomie est financière. Acheter, investir, ce sont des actes politiques. C’est là toute notre force : exister, montrer que c’est possible de vivre heureux avec moins, y compris économiquement ! Nous avons l’aide de citoyens qui sont conscients de l’obligation de changements plus profonds, et choisissent d’investir dans nos écovillages. L’initiative citoyenne, ancrée dans l’économie réelle et cadrée par des audits indépendants montrant la vitalité de la structure, c’est la seule force actuelle face à notre système monomaniaque.

Créer des écovillages contribue beaucoup à cette transition profonde, même si c’est difficile : il y a plus de partage, donc d’obligation de s’entendre, au-delà du seul bon voisinage des coopératives d’habitation et des écoquartiers. Avec la Smala, forts de nos expériences depuis 1993, nous avons choisi de nous engager autour d’un contrat social clair, avec un budget en commun pour jardinage, cafétéria, troc, stocks, ateliers et bureaux partagés, repas…

Vivre ensemble fait encore peur. Même si la confiance augmente, vu que nous avons bien documenté nos pratiques (non religieuses, liberté de rythme et privacité, bonne gouvernance participative, contrat social clair, transparence…), c’est parfois très difficile de bénéficier de bienveillance face à cette approche inhabituelle. Par exemple en 2018, un envieux a utilisé son statut de pasteur et notable pour mener une “cabale” en contactant nos partenaires et la presse. L’affaire s’est dégonflée. Il a finalement reconnu ses torts et s’est excusé par écrit. C’est un bon exemple des soucis que rencontrent ceux qui nagent à contre-courant. Et de notre capacité à y faire face avec résilience.

Toutes ces années, malgré les embûches, nous avons su raison garder, rester solidaires pour continuer la route prise il y a presque 30 ans déjà. Oui, nous sommes durablement là, des gens différents et complémentaires, unis par des valeurs fortes, une tribu en mouvement (qui se dit “la Smala” en berber).

En 2020, nous lançons un nouvel appel à placements. Quand ça va mal, les gens s’unissent pour dénoncer. Mais il est plus difficile de s’unir pour réaliser ensemble des projets. C’est notre but. Nous faisons appel à votre sens citoyen.
Voici le contexte dans lequel nous lançons cet appel au cercle des sympathisants de la Smala.

 

Pari tenu ! Voir ici nos résultats concrets sur 2015 à 2019.

 

 

Objectif 2025 : une fédération d’écolieux coopératifs en Romandie.

 

Nous avons un plan d’action visant d’ici à 2025 à animer au moins 4-5 écolieux à taille humaine en Romandie, pour 200 à 400 personnes. Nous y proposons du vrai lien social, au-delà du logement à prix abordable et de l’efficacité énergétique : cafétéria financée par les charges locatives, soutien aux artisans habitant sur place, entraide entre générations, formations continues, espace co-working, jardins en permaculture pour plus de souveraineté alimentaire… La méthode Ecopol commence à faire ses preuves. C’est un travail de longue haleine, réalisé en coopération avec de nombreuses petites organisations alternatives qui permettent d’y générer des revenus, comme Aess-Bar.

Si nous montrons la voie, d’autres pourront utiliser cette méthode, vu qu’elle a déjà été testée et améliorée sur plus de 40 lieux temporaires depuis 1993.

Imaginez une planète en 2040 où un habitant sur cent ait déjà migré dans des écovillages fonctionnels, bien établis, indépendants de toute croyance religieuse, inspirant les politiques mondiales visant à limiter nos consommations à 1’000 watts au lieu des 5’000 à 6’000 actuels. C’est pour cela que nous nous engageons. Aujourd’hui, c’est plutôt une personne sur dix-mille qui vit ainsi dans la simplicité volontaire, et encore, c’est si on inclus les peuples premiers. Donc il y encore du boulot.

On sait que la plupart d’entre vous, participez à cette transition par le recyclage, les thérapies douces, les projets associatifs et citoyens, l’économie solidaire, les changements internes aux entreprises. Chaque type d’initiative fait sens. Nous avons misé sur l’idée de créer des pôles internationaux d’écologie communautaire, des Ecopols. Son intérêt est de ne pas dépendre des états et des multinationales pour réaliser le changement, tout en restant ancré dans l’économie réelle, avec génération de revenus.

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